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Le Monde couvre depuis le 10 octobre la campagne présidentielle américaine dans des directs, où les lecteurs ont pu poser leurs questions sur l’actualité et les modalités de cette élection. Comment fonctionne le système électoral américain ? Quand aurons-nous des résultats ?… vous trouverez ici les réponses aux questions les plus fréquemment posées.
L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect et le système des grands électeurs est très complexe vu de France. Voici des réponses qui éclairent le rôle de ces personnes capitales sur qui repose la désignation du président des Etats-Unis.
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Combien y a-t-il de grands électeurs par Etat ?
Chaque Etat se voit attribuer un nombre de grands électeurs équivalant au nombre de ses représentants au Congrès : soit deux sénateurs, quel que soit son poids démographique, auxquels s’ajoutent les élus à la Chambre des représentants, dont le nombre est déterminé en fonction de sa population.Le Montana, le Wyoming, les deux Dakotas, l’Alaska, le Delaware et le Vermont, Etats peu peuplés, représentent chacun trois grands électeurs du collège électoral, soit le minimum autorisé. La Californie, l’Etat le plus peuplé du pays, en a cinquante-quatre, suivie par le Texas (quarante), la Floride (trente) et l’Etat de New York (vingt-huit). Trois grands électeurs représentent en outre le district fédéral de Washington.
A quoi servent les grands électeurs en dehors du temps électoral ?
Les grands électeurs ne servent qu’à élire le président des Etats-Unis. Conformément à la loi, les grands électeurs se réunissent dans les capitales de leurs Etats respectifs et dans le District de Columbia (c’est-à-dire la ville de Washington qui, en tant que capitale férérale, a un statut spécial) « le premier mardi suivant le deuxième mercredi de décembre ». Le collège électoral, qu’ils forment, se prononce alors officiellement sur l’élection du président et du vice-président.
Pourquoi le nombre de grands électeurs n’augmente pas alors que la population augmente ?
Les sièges sont régulièrement réalloués au niveau des Etats, en fonction de la population. La Constitution américaine impose un recensement tous les dix ans, qui sert à déterminer le nombre d’élus pour chaque Etat à la Chambre des représentants, et par extension son nombre de grands électeurs.
Les résultats du recensement de 2020 ont modifié le collège électoral et la répartition des sièges à la Chambre des représentants : le Texas a ainsi gagné deux voix supplémentaires au Congrès et au collège électoral pour la prochaine décennie (40 sièges), tandis que le Colorado (10), la Floride (30), le Montana (4), la Caroline du Nord (16) et l’Oregon (8) ont chacun gagné un siège. Sept Etats ont perdu une voix chacun : la Californie (54 sièges), l’Illinois (19), le Michigan (15), New York (28), l’Ohio (17), la Pennsylvanie (19) et la Virginie-Occidentale (4).
Est-il possible que les grands électeurs ne votent pas pour le président pour lequel ils ont été élus ?
Trente-trois Etats ainsi que le District de Columbia (c’est-à-dire la ville de Washington qui, en tant que capitale férérale, a un statut spécial) ont des lois qui obligent les grands électeurs à suivre le vote populaire pour éviter une situation de faithless elector (« grand électeur déloyal »). Ils peuvent imposer soit une amende (500 dollars en Caroline du Nord et l’annulation du vote), soit un grand électeur remplaçant, comme dans le Montana, le Nevada ou l’Etat de Washington.
Les grands électeurs étant désignés par les partis ou par les candidats, les cas de « trahison » sont rares. Il y en a eu néanmoins : lors de l’élection de 2000, la grande électrice démocrate Barbara Lett-Simmons s’est ainsi abstenue de voter plutôt que de donner son vote à Al Gore. Cet épisode n’a rien changé à l’élection puisque le républicain George W. Bush a gagné avec 271 voix sur 538.
En 2016, sept des 538 grands électeurs ont voté en faveur d’une personnalité différente de celle désignée par le vote populaire, un chiffre inhabituellement élevé. Trois d’entre eux avaient choisi l’ancien secrétaire d’Etat Colin Powell alors que leurs Etats avaient voté pour la démocrate Hillary Clinton.
Le système électoral indirect grâce aux grands électeurs est-il remis en cause aux Etats-Unis ?
Le système de suffrage indirect fait l’objet de critiques aux Etats-Unis, et ce, notamment, depuis les élections de 2000 et de 2016, où les candidats qui ont remporté le vote populaire ont fini par perdre l’élection. Il y a un débat sur l’inadéquation de la répartition du collège électoral par rapport à l’évolution démographique du pays. Reste que ce système est inscrit dans la Constitution, ce qui complique le processus visant à y mettre un terme.
Le Congrès a tenté de réparer les failles apparues lors du scrutin de 2020, que Donald Trump a prétendu à tort avoir remporté. Des procureurs fédéraux accusent Donald Trump d’avoir tenté de faire pression sur des responsables électoraux au niveau des Etats pour inverser le résultat du vote. Le Congrès a adopté en 2022 l’Electoral Count Reform and Presidential Transition Improvement Act pour établir clairement que le gouverneur de chaque Etat, ou tout autre responsable spécifiquement désigné par l’Etat, doit certifier le résultat de l’élection dans son Etat avant de le transmettre au Congrès. Cette loi vise aussi à empêcher un blocage similaire à celui de 1876, lorsque trois Etats avaient transmis deux listes distinctes de grands électeurs, l’une certifiée par les élus locaux et l’autre par un responsable local. Elle impose aussi une date butoir pour la certification des résultats en donnant aux Etats trente-six jours après le vote pour mettre un terme aux recomptages et aux recours.
Une suppression du collège électoral nécessiterait un amendement à la Constitution.
Quelles sont les conditions pour être un grand électeur ?
L’alinéa 2 de l’article II de la Constitution des Etats-Unis dispose que le président et le vice-président sont choisis par des grands électeurs « de la manière prescrite par sa législature », mais sans conseiller ni lister aucune condition. En revanche, cet article précise bien qu’« aucun sénateur ou représentant (…) ne pourra être nommé [grand] électeur ». Dans les faits, ce sont souvent des personnalités qui ont rendu un service au parti ou au candidat : adhérents du parti, lobbyistes, officiels locaux ou même personnel politique à la retraite (en 2016, Bill Clinton était grand électeur pour son épouse), comme le mentionnait la BBC en 2020.
Finalement, avant l’élection proprement dite, chaque parti désigne des grands électeurs potentiels dans tous les Etats.
Si la date de l’élection présidentielle est fixée cette année le 5 novembre, beaucoup d’Américains votent de manière anticipée. Les résultats sont, eux, connus au fur et à mesure selon des règles qui peuvent différer selon les Etats.
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Depuis quand les votes sont-ils ouverts ?
Si le 5 novembre est le dernier jour où les Américains pourront voter, en pratique, plusieurs millions d’entre eux auront déjà exprimé leur choix dans le cadre du vote par correspondance ou du vote anticipé.
Les premiers bulletins de vote par correspondance ont ainsi commencé à être expédiés le 6 septembre en Caroline du Nord.
Le vote par anticipation permet, lui, aux Américains de se rendre aux urnes dans 47 Etats, ainsi que dans le District de Columbia, à Guam, à Porto Rico et aux îles Vierges avant la date du scrutin, explique la National Conference of State Legislatures (NCSL), une organisation bipartisane. Dans la plupart des Etats, il n’est pas nécessaire de justifier le choix de ce mode de scrutin, ajoute le site d’information du gouvernement fédéral. Seuls « trois Etats – l’Alabama, le Mississippi et le New Hampshire – ne proposent pas de vote anticipé en personne, mais peuvent proposer des options aux électeurs absents éligibles », selon le NCSL.
L’élection étant un mardi, les employeurs ont-ils l’obligation de laisser la possibilité à leurs employés d’aller voter ?
Depuis 1845, le jour de l’élection du président des Etats-Unis est le mardi suivant le premier lundi de novembre. Pour comprendre le choix de cette date, il faut « se représenter ce qu’était l’Amérique du XIXe siècle », expliquait, à l’occasion de la présidentielle de 2016, la radio publique NPR, : la plupart des gens « étaient des agriculteurs, des chrétiens dévoués et avaient besoin de temps pour voyager [jusqu’aux bureaux de vote] ».
Pas question, donc, d’organiser l’élection durant le week-end (en vertu de la loi religieuse), ni lors des périodes de travail intenses des agriculteurs.
Mais ce qui relevait de la commodité, à l’époque, est un inconvénient aujourd’hui : la plupart des citoyens travaillent le mardi et la majorité des employeurs n’octroient pas de pause pour voter. Les bureaux de vote sont donc fréquentés tôt le matin et en début de soirée, juste avant leur fermeture, ce qui se traduit par des queues parfois interminables qui découragent certains électeurs.
Il n’existe actuellement aucune loi fédérale obligeant les entreprises à accorder à leurs employés du temps libre pour voter pendant les heures de travail. Cependant, 28 Etats et le District de Columbia (c’est-à-dire la ville de Washington qui, en tant que capitale férérale, a un statut spécial) ont adopté de telles lois. Le Dakota du Nord a une loi qui encourage simplement les employeurs à accorder des congés, sans toutefois les y obliger.
Les règles diffèrent selon les Etats, le cabinet d’avocats Fisher Phillips a compilé un guide Etat par Etat pour les employeurs.
Cela explique aussi la popularité du vote anticipé, autorisé dans la plupart des Etats. Au 4 novembre, plus de 78 millions de personnes avaient déjà voté, selon l’Election Lab de l’université de Floride.
Qu’est-ce que la règle du winner-take-all et où est-elle appliquée ?
La règle du winner-take-all veut que, indépendamment de l’écart entre les candidats, c’est celui arrivé en tête qui remporte la totalité des grands électeurs en jeu. Par exemple, si Kamala Harris devance Donald Trump en Floride avec 50,1 % des voix contre 49,9 % au républicain, ce sera tout de même elle qui raflera les 29 grands électeurs en jeu dans cet Etat.
Cette règle est en vigueur dans 48 des 50 Etats des Etats-Unis, et seuls le Nebraska et le Maine appliquent la proportionnelle.
Le Maine attribue deux de ses quatre grands électeurs au vainqueur à l’échelle de l’Etat, mais attribue également un grand électeur au vainqueur du vote populaire dans chacune de ses deux circonscriptions du Congrès.
Est-il possible de gagner en voix, mais d’avoir moins de grands électeurs que son adversaire ?
L’élection présidentielle américaine est une élection indirecte, il est donc possible d’obtenir davantage de suffrages à l’échelle du pays (popular vote) mais de ne pas décrocher une majorité de grands électeurs au sein du collège électoral.Dans l’histoire des Etats-Unis, c’est arrivé cinq fois, dont deux fois au XXIe siècle : en 2000, lorsque le démocrate Al Gore a obtenu 543 895 voix de plus que le républicain George W. Bush, et en 2016, quand la démocrate Hillary Clinton a reçu 2,86 millions de suffrages de plus que le républicain Donald Trump.
Comment expliquer que les annonces des résultats arrivent à différents moments selon les Etats ? Sur quoi « Le Monde » se fonde-t-il pour diffuser les résultats ?
Aux Etats-Unis, les soirs d’élection, aucun écran ne dévoile à 20 heures le nom du vainqueur comme c’est le cas en France. Aucun organisme fédéral officiel, aucune commission électorale nationale ne donnent non plus les résultats du vote de ce pays-continent aux quatre fuseaux horaires, où chaque Etat est responsable de l’organisation des élections.
Les Américains peuvent rester des heures, voire des jours, dans le flou avant que la décision de désigner le gagnant ne tombe. Et ils doivent pour cela s’en remettre aux médias et plus exactement à quelques-uns d’entre eux, dont la précision et la fiabilité ont fait leurs preuves au fil des années.
En 2020, en raison de l’explosion du vote par correspondance, le dépouillement et la communication des résultats avaient pris du retard dans certains swing states, ces Etats pivots aux résultats généralement serrés et qui peuvent basculer d’un camp à l’autre à chaque élection. Un site, le Decision Desk HQ, a annoncé la victoire de Joe Biden peu avant 9 heures du matin (heure de la Côte est, soit 15 heures à Paris), le 6 novembre. Le 7 novembre, trois jours et demi après l’élection, les principales chaînes de télévision américaines avaient finalement annoncé la victoire du démocrate : CNN a été la première, à 11 h 24, heure de la Côte est. Elle a été suivie rapidement par NBC, CBS, ABC et Associated Press. Fox News a, de son côté, confirmé le résultat à 11 h 40.
L’agence de presse Associated Press (AP) est l’orfèvre en la matière. Elle explique qu’elle dispose d’environ 4 000 correspondants temporaires à travers le pays qui recueillent les résultats au niveau local. D’autres correspondants suivent les annonces sur les sites officiels des comtés et des Etats pour saisir les résultats.
Nombre de médias s’en remettent à son autorité – renouvelée sans conteste depuis l’élection de 1848 – avant d’oser le moindre pronostic. C’est aussi la source principale à laquelle nous nous référons au Monde pour le suivi des résultats – nous vous proposerons d’ailleurs, dès que les premiers résultats seront annoncés, une carte et un graphique montrant le décompte des grands électeurs obtenus par les candidats s’appuyant sur les données d’AP.
La chaîne conservatrice Fox News, avec qui l’agence de presse partage un sondage auprès de 100 000 électeurs ayant voté de manière anticipée, est aussi, en dépit des partis pris politiques avérés de certains de ses commentateurs, reconnue comme une source fiable. Réunis dans un consortium, d’autres groupes de presse – ABC News, CBS News, CNN et NBC News – s’appuient, eux, sur les sondages de sortie des urnes.
Combien faut-il de votes pour gagner ? Un scénario d’égalité parfaite est-il possible ?
Il faut rassembler le vote de 270 grands électeurs, sur 538, pour remporter l’élection. Il y a égalité si les deux candidats remportent chacun 269 voix du collège électoral – CNN propose plusieurs cartes avec ce scénario. C’est alors le Congrès issu de l’élection du 5 novembre qui choisirait le président et le vice-président, comme le stipule le 12e amendement, adopté à la suite de l’élection de 1800.
Dans ce cas, appelé contingent election, l’élection du président serait décidée par la Chambre des représentants et chaque délégation d’Etat disposerait alors d’une voix. Une majorité d’Etats (26) est nécessaire pour gagner. Les élus de la Chambre peuvent voter pour le président parmi les trois candidats ayant reçu le plus de votes électoraux. Les républicains contrôlent actuellement 26 délégations et les démocrates 22. Le Minnesota et la Caroline du Nord comptent le même nombre de représentants républicains et démocrates.
Les sénateurs seraient chargés d’élire le vice-président, chaque sénateur disposant d’une voix : une majorité de 51 sénateurs (sur 100) est nécessaire. Eux ne peuvent choisir que parmi le deux candidats arrivés en tête lors du scrutin de novembre.
Il y a eu deux contingent elections en vertu du 12e amendement : la première pour l’élection du président en 1825, et la deuxième, en 1827, pour celle du vice-président, rappelait le Congressional Research Service en 2020.
Mais cette égalité – 269 grands électeurs pour chaque candidat – pourrait n’être qu’apparente. Le 17 décembre 2024, les grands électeurs se réuniront dans chaque Etat, pour voter et désigner le président. Si certains Etats obligent ces grands électeurs à voter dans le sens du vote populaire, tous ne le font pas (voir notre question sur le sujet). Il est possible qu’un grand électeur vote pour une autre personne, comme en 2016, lorsque sept grands électeurs ont été « infidèles » (on parle de faithless electors).
Quels sont les autres scrutins importants de l’Election Day, à part la présidentielle ?
Le 5 novembre, les Américains éliront non seulement un président, mais aussi 468 membres du Congrès : 34 sénateurs et la totalité des 435 sièges de la Chambre des représentants. Ils participeront aussi à une foule de scrutins locaux : élections de gouverneurs dans onze Etats et deux territoires, de procureurs généraux dans dix Etats, de maires, sans compter les référendums locaux, etc.
Des propositions de lois et de politiques locales ou nationales ainsi que des initiatives de vote citoyennes peuvent également être soumises au vote ce jour-là. Par exemple, dans l’Etat du Montana, les électeurs devront également dire s’ils souhaitent protéger le droit à l’avortement dans la Constitution de leur Etat. Dans l’Arizona, les électeurs devront s’exprimer sur la prolongation du délai de droit à une interruption volontaire de grossesse. Au total, huit Etats – comprenant aussi le Colorado, la Floride, le Maryland, le Nevada, New York et le Dakota du Sud – devraient soumettre un référendum relatif à l’avortement à leurs électeurs lors de la convocation aux urnes. Les résultats officiels de ces consultations seront rendus publics une fois que la certification des votes aura eu lieu.
Les résultats au Congrès, notamment à la Chambre, sont en général en corrélation avec la présidentielle, puisqu’un électeur aura naturellement tendance à voter pour un représentant ou un sénateur du même camp que le président pour lequel il se prononce. Mais pour ce qui est du Sénat, il faut tenir compte aussi de la couleur politique des circonscriptions en jeu.
Quand les résultats seront-ils annoncés ?
Le jour de l’élection, les bureaux de vote ouvrent en général entre 5 heures et 7 heures du matin et ferment entre 18 heures et 20 heures, sur trois fuseaux horaires. Le dépouillement commence après la fermeture du scrutin. Généralement, on sait qui est le vainqueur à 23 heures (heure de la Côte est, soit 5 heures à Paris), car les Etats de l’Ouest ont alors fermé leurs bureaux de vote.
Mais il est probable que cette année il faille patienter pour connaître l’identité du vainqueur entre Kamala Harris et Donald Trump, notamment du fait des délais de traitement des votes par correspondance. Les premières indications pourraient ainsi être en trompe-l’œil : l’un des candidats pourrait disposer d’une nette avance avec le dépouillement des premiers bulletins, avant que son rival ne refasse son retard au fil des heures, voire des jours. En 2020, certains Etats ont ainsi connu un « mirage rouge », Donald Trump ayant été donné en tête le soir de l’élection, avant un « virage bleu » pour le candidat démocrate. Le républicain s’est servi de ce phénomène pour amplifier ses accusations sans fondement selon lesquelles le scrutin lui a été volé.
Le délai de traitement des bulletins envoyés par voie postale est plus long que la prise en compte des suffrages dans les bureaux de vote le jour du scrutin. Dans les sept Etats considérés comme indécis et décisifs pour le scrutin – Arizona, Géorgie, Michigan, Nevada, Caroline du Nord, Pennsylvanie et Wisconsin –, les autorités locales ont leurs propres règles pour le dépouillement et le décompte des voix.
Confrontées à l’absence de résultats officiels avant des semaines, les grandes chaînes de télévision américaines se préparent à une échéance électorale qui peut s’étirer sur plusieurs jours, avec la hantise d’annoncer un vainqueur trop tôt et au milieu d’un torrent possible de désinformation.
L’élection oppose en 2024 le républicain Donald Trump à la démocrate Kamala Harris, ainsi qu’à une myriade d’autres candidats nettement moins connus.
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Y a-t-il d’autres candidats que Kamala Harris et Donald Trump?
Figurez-vous qu’il y a bien d’autres candidats… Il y en a même beaucoup ! Pour cette élection 2024, il y a en réalité 1 543 candidatures à la Maison Blanche, selon la Commission fédérale électorale. Mais seulement une poignée de ces prétendants a réellement des chances de s’installer dans le bureau Ovale en janvier 2025. Car tous n’apparaissent pas sur les bulletins de vote de tous les Etats et la plupart d’entre eux ne peuvent donc mathématiquement pas obtenir les 270 voix au collège électoral nécessaires pour gagner l’élection. Pour voir son nom apparaître sur les bulletins de vote, il faut avoir recueilli au moins 5 % des suffrages – parfois 10 % en fonction des Etats – lors d’un précédent scrutin. Ou alors, il faut effectuer des pétitions de signatures dans chaque Etat, dont le nombre exigé varie selon la zone. A noter aussi que chacune des signatures doit être vérifiée… et que ce processus est coûteux.
Outre Kamala Harris et Donald Trump, voici quelques noms de candidats à la présidence :
Jill Stein est candidate pour le Green Party – elle l’a aussi été en 2012 (0,4 % des voix) puis en 2016 (1 %), alors qu’en 2020, c’était Howie Hawkins. A 74 ans, elle fait campagne en affirmant que le bilan environnemental du président Joe Biden a été influencé par des idées lancées par les écologistes et en se détachant du duo démocrate actuellement à la Maison Blanche. Elle dénonce « le génocide » des civils palestiniens à Gaza.
Chase Oliver est candidat pour le Parti libertarien (défenseur des libertés individuelles, du libre-échange et d’une législation minimaliste) qui est la troisième force politique du pays, avec un peu plus de 1 % des voix en 2020 et une présence sur les bulletins de la quasi-totalité des cinquante Etats en 2024. Chase Oliver, ancien démocrate de 39 ans, avait provoqué un deuxième tour lors d’élections sénatoriales de mi-mandat cruciales pour déterminer la majorité au Sénat en 2022 en Géorgie. Inconnu à l’époque, ce fan de science-fiction, autoproclamé « armé et gay », avait obtenu 2 % des voix avec une campagne centrée autour de ses positions pro-armes, fiscalement conservatrices, mais aussi pro-droit à l’avortement, pro-légalisation du cannabis et contre la peine de mort.
Quant à Robert Kennedy Jr, candidat indépendant, fils de l’ancien ministre Robert Kennedy et neveu du président John Fitzgerald Kennedy, il a suspendu sa campagne et décidé de soutenir Donald Trump.
Il y a encore Randall Terry, candidat du Constitution Party, et Cornel West, candidat pour le Justice for All Party, qu’il a créé en janvier. Cet intellectuel de 71 ans, militant reconnu contre le racisme, qui avait aussi participé au mouvement Occupy Wall Street en 2011, se présente dans plus de quinze Etats, dénonçant « la faillite morale » du pays mené par un « duopole délabré des deux principaux partis qui privilégient les profits au peuple et à la planète ».
Le Parti libertarien a-t-il ses chances ?
Le Parti libertarien est, derrière les poids lourds démocrates et républicains, la troisième force politique du pays. Défenseur des libertés individuelles, du libre-échange et d’une législation minimaliste, c’est le seul third party (parti tiers) à figurer sur les bulletins de vote de l’ensemble des 50 Etats. En 2016, son candidat, Gary Johnson, ancien gouverneur de l’Etat du Nouveau-Mexique, avait récolté 4,5 millions de voix, soit plus de 3 % du vote populaire. En 2020, la candidate Jo Jorgensen a récolté 1,1 % des voix exprimées.
Combien de mandats un président américain peut-il effectuer ?
La Constitution des Etats-Unis limite à deux le nombre de mandats que peut effectuer une personne à la Maison Blanche, consécutifs ou non. C’est pourquoi Donald Trump, qui n’a effectué qu’un seul mandat à la tête de l’Etat fédéral, peut aujourd’hui se représenter à la présidence. A ce jour, le démocrate Grover Cleveland est le seul à avoir été élu pour deux mandats non consécutifs, en 1885 puis en 1893. Il est donc à la fois le 22e et le 24e président du pays.
Avant 1947, le nombre de mandats présidentiels n’était pas limité. Le démocrate Franklin D. Roosevelt est le seul président des Etats-Unis à avoir été victorieux quatre fois dans les urnes de 1932 à 1944 – mais il a été emporté par la maladie avant de terminer son quatrième mandat. Deux ans après sa mort, en 1947, le Congrès américain adopte le XXIIe amendement de la Constitution, fixant à deux le nombre de mandats que peut exercer le président.
Donald Trump se représentera-t-il en 2028 s’il perd ?
Dans une interview au Sinclair Broadcast Group diffusée le 22 septembre, Donald Trump a déclaré qu’il ne pensait pas se représenter en 2028 s’il perdait l’élection de novembre. « Je pense que ça sera tout pour moi. Avec un peu de chance, nous allons réussir », a-t-il ajouté à propos de la campagne de 2024. En 2020, dans l’éventualité d’une défaite face à Joe Biden, M. Trump avait déclaré : « Vous ne me reverrez plus jamais. »
L’ancien président, qui est le candidat du Parti républicain pour la troisième élection présidentielle de rang, aura 82 ans le jour de l’élection de 2028. Dans le système des partis modernes, seul Franklin D. Roosevelt a reçu quatre fois l’investiture d’un grand parti.
Où en sont les procès qui menacent Donald Trump ?
En 2024, Donald Trump aurait dû comparaître quatre fois au tribunal pour des poursuites pénales. Il n’a finalement connu qu’un seul procès. Reconnu coupable par un jury populaire le 30 mai de trente-quatre chefs d’accusation dans l’affaire des falsifications comptables en lien avec les paiements secrets faits à l’actrice Stormy Daniels, l’ancien président américain ne connaît pas encore sa peine – le prononcé a été reporté à l’après-présidentielle.
Il reste poursuivi dans d’autres dossiers. Trois procès pourraient attendre M. Trump dans les prochaines années s’il échouait à revenir au pouvoir et perdait les nombreux recours lancés par sa défense. Retrouvez ci-dessous le résumé de ces affaires.
Le « Project 2025 », c’est quoi ?
« Project 2025 » se présente comme une coalition de 110 organisations conservatrices, préparant depuis deux ans un programme exhaustif, dans tous les secteurs-clés, pour une future administration Trump. Cette feuille de route, concoctée par des experts de la Heritage Foundation, un cercle de réflexion de droite, a été largement dénoncée par les démocrates, tandis que Donald Trump et sa campagne se sont efforcés de prendre leurs distances avec ce projet.
« Project 2025 » expose une vision nationaliste et chrétienne de la société, ode à la famille contre la culture « woke », les géants de la tech et le gouvernement fédéral. Mais il s’agit aussi de constituer un bassin de recrutement. De fabriquer un fichier d’environ 20 000 noms de personnes supposément qualifiées et très loyales.
Une purge de toutes les branches du gouvernement fédéral est promise. Le département de la justice serait placé sous l’autorité directe du président. Celui de l’éducation serait supprimé et les programmes nettoyés de toute référence à la diversité, à l’égalité des genres ou aux droits reproductifs. La suppression de l’avortement par la Cour suprême comme droit constitutionnel pour toutes les femmes américaines « n’est que le début », selon le « Project 2025 ». Ce dernier n’appelle pas à une loi fédérale interdisant l’avortement, mais compte attaquer la commercialisation de la pilule abortive.
« Je ne sais rien au sujet de “Project 2025”. Je n’ai aucune idée de qui se trouve derrière. Je ne suis pas d’accord avec certaines des choses dites, et certaines des choses qu’ils disent sont absolument ridicules et épouvantables », s’est défendu Donald Trump sur son réseau Truth Social. Pourtant, des dizaines de conseillers ou de hauts responsables ayant travaillé pour l’administration Trump ont été impliqués de près ou de loin dans le projet.
Que se passe-t-il si le président élu ou le vice-président élu meurt avant l’investiture ?
La Constitution américaine ne précise pas la définition du « président élu », et donc à partir de quel moment la personne concernée le devient, même si un rapport du Congressional Research Service affirme que les spécialistes de la question s’accordent à dire que le vainqueur se mue en président élu après le vote des grands électeurs. Tout dépend donc du moment où la mort surviendrait :
Pour aller plus loin, voici une liste d’articles dans lesquels vous pourrez trouver des réponses aux questions que vous vous posez sur l’élection :
Pierre Bouvier, Luc Vinogradoff et Louise Vallée
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